mardi 13 octobre 2009

Je voulais juste dire à ceux qui se posent des questions que je vais très très bien

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Pour l'instant, elle a choisi de se taire. Malgré les rumeurs, les interrogations. « Je rappe car je ne parle plus », dit Diam’s à la fin de son nouvel album, « S.O.S », qui sortira le 16 novembre. Un disque attendu, présenté à la presse hier soir. Il scelle le retour d’une artiste laissée sur le triomphe de « Dans ma bulle », en 2006.

La rappeuse s’est depuis réfugiée dans le silence. Il n’en fallait pas plus pour imaginer le pire. Diam’s déprimée. Diam’s saccageant les locaux de « Voici ». Diam’s en larmes aux Victoires de la musique, comme une petite fille perdue. Jusqu’à la semaine dernière, Diam’s voilée, convertie à l’islam, apparaissant sur des photos volées dans « Paris Match ».
Mais l’artiste ne veut pas s’expliquer. Elle en dit déjà long dans ce quatrième album en forme de confession intime. Quatorze chansons brutales, bouleversantes, drôles parfois, où l’artiste semble laisser place à la femme, où le diamant brut du hip-hop français se fait happer par Mélanie Georgiades, 29 ans, petite banlieusarde qui n’a pas froid aux yeux. D’abord, les mots approchent, la plume glisse, les rimes claquent pendant dix minutes non-stop sur « I am Somebody ».

« Je vais très très bien »

Diam’s y fait le bilan de ses trois dernières années de tourment. « Nous voici fin 2007, j’me retrouve seule dans mon appart. Dans ma tête c’est le casse-tête », avant de poursuivre : « Petite star je suis finie, vu de la clinique psychiatrique. J’en sors en vrac, les médocs me montent au crâne. » Ou comment faire comprendre que le succès, la notoriété, l’argent ne font pas tout. Diam’s a donc perdu pied, au point d’être hospitalisée, lessivée, par ce triomphe sans doute trop gros pour elle et cette vie personnelle pas si lumineuse. On l’entend dans « S.O.S », blues d’un amour perdu ou « Coeur de bombe » et ses belles promesses non tenues. Puis elle reprend du poil de la bête, défend le métissage au milieu d’un pays trop uniforme à son goût : « Le président ne nous aime pas, je l’ai lu dans ses voeux. Et il ne s’aime pas, je l’ai vu dans ses yeux », balance-t-elle dans « l’Honneur d’un peuple » avant un pied de nez à la variété française en reprenant une mélodie de Francis Cabrel.
Quoi qu’elle en dise, la musique reste un engagement chez Diam’s : personnel quand elle évoque la trajectoire de sa maman dans l’impressionnant « Sur la tête de ma mère », politique comme dans « Lili », destin d’une femme voilée, d’une musulmane rejetée. « J’ai beau leur dire que je suis normale, que je suis entière, que je supporte mal que l’on me traite comme si j’étais en guerre… Je ne mérite pas que l’on me prive d’études ou d’éducation. Elle n’est pas laïque cette nation, elle craint juste la contagion. » Le texte fera forcément parler. Cela tombe bien, Diam’s préfère mettre en avant son disque. « Je rappe », répète-t-elle dans l’époustouflant final « Si c’était le dernier », testament musical de dix minutes. Elle hurle, pleure sa descente aux enfers « ces putains de médocs » venus lui « griller les neurones », cette année 2008 passée « sans écrire un texte ». Hier soir, Diam’s est soudain apparue sur scène pour interpréter le dernier couplet de son album, puis a fini par parler… quelques secondes avant de s’éclipser : « Je voulais juste dire à ceux qui se posent des questions que je vais très très bien. »

Source : Le parisen.fr

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